Crédit à la consommation en France : enjeux, évolutions et perspectives
03 février 2025
Le crédit à la consommation en France reste dynamique, son offre comme son usage évoluent.
Le crédit à la consommation représente un levier essentiel pour les ménages français, et constitue une activité stratégique pour les établissements bancaires et financiers.
Avec près de 40 % des Français ayant un crédit à la consommation, ce secteur est à la fois porteur d’opportunités et de défis complexes, amplifiés par un cadre réglementaire en évolution et des dynamiques économiques fluctuantes.
1. Le marché du crédit à la consommation : état des lieux
Le profil type
En décembre 2023, le montant total de l’encours de crédit à la consommation aux particuliers en France s’élevait à 205,3 milliards d’euros.
Selon l’enquête « La carte de France du crédit à la consommation » réalisée par Cofidis, le profil type de l’emprunteur Crédit Conso est :
En somme, le profil des détenteurs de crédits à la consommation reflète les caractéristiques de la population française.
Un cadre réglementaire en transformation
Depuis la loi Scrivener de 1978 destinée à protéger les consommateurs, le cadre législatif n’a cessé de s’étoffer. En effet, des lois comme la loi Chatel de 2005, la loi Lagarde de 2010, et plus récemment la loi Hamon de 2014 ont permis de renforcer les droits des consommateurs, rendant plus transparentes et accessibles les informations relatives aux crédits.
En outre, l’arrivée de la directive européenne de 2023 a considéré que le paiement fractionné devait se soumettre aux mêmes obligations que le crédit à la consommation, obligeant ces nouveaux acteurs à s’adapter.
2. Evolutions récentes et nouveaux usages du marché
Recul de la production de crédits en 2024
D’après les données publiées par l’Association française des sociétés financières (ASF), le marché du crédit à la consommation a connu un repli de 6,4 % sur un an, à la fin du premier semestre 2024. Ce ralentissement est notamment dû à la chute des financements automobiles, secteur qui a historiquement soutenu la demande de crédits.
- 32 % de baisse dans le financement des véhicules neufs.
- 18 % de baisse dans le financement des véhicules d’occasion.
De fait et sans doute en lien avec les différentes crises, de plus en plus de français utilisent maintenant le crédit à la consommation pour des moyens de trésorerie et non plus seulement pour financer des projets spécifiques.
Développement de la location avec option d’achat (LOA)
Un phénomène notable est la montée en puissance du leasing et de la Location avec Option d’Achat (LOA), tous deux considérés comme des crédits à la consommation. Pour revenir au sujet du principal usage du crédit conso, à savoir l’automobile, la croissance de la LOA de 12,4 % au premier semestre 2024 pour les véhicules neufs n’a pas permis de compenser la stagnation générale du secteur.
Nouveaux usages et modes de consommation : une opportunité pour le crédit
Pour rester pertinents, les acteurs doivent anticiper les nouveaux usages de consommation. DSP2, la Directive sur les services de paiement, permet, par exemple, d’accéder aux données bancaires des clients afin d’analyser leurs habitudes de dépenses et d’offrir des crédits plus personnalisés. Cela fiabilise les scores de crédit, permet de personnaliser les offres et améliore l’expérience utilisateur.
Les établissements bancaires et financiers profitent également de la demande croissante de paiement fractionné et du modèle Buy Now Pay Later (BNPL), intégré directement dans les applications bancaires pour les achats en ligne et en magasin. Cette innovation répond aux attentes des consommateurs, qui recherchent plus de flexibilité dans leurs paiements.
3. Stratégie d’adaptation des acteurs
Modernisation des infrastructures et nouveaux modèles d’évaluation des risques
En conséquence, les banques investissent massivement dans la modernisation de leurs infrastructures technologiques et repensent leurs systèmes d’évaluation des risques, intégrant des nouvelles sources de données (big data, IA) pour affiner leur analyse et personnaliser davantage les offres.
Restructurations et partenariats stratégiques
Des restructurations internes ont également eu lieu, comme la vente d’implantations moins stratégiques (Bulgarie, Roumanie) pour BNP Paribas Personal Finance. De son côté, Crédit Agricole a récemment bâti toute une offre dédiée au financement automobile en partenariat avec Stellantis.
S’engager en faveur d’un crédit plus responsable
Face aux défis économiques et aux attentes croissantes en matière de responsabilité, les banques et institutions financières cherchent également à offrir un crédit plus responsable. Elles participent à la reconquête de la confiance des consommateurs à travers des programmes d’éducation financière et des initiatives pour prévenir le surendettement. Par exemple, des outils pédagogiques en ligne et des systèmes d’alerte aident à sensibiliser les clients aux risques, tandis que certaines offres de crédit à taux préférentiel sont mises en place pour encourager des projets écologiques.
4. Enjeux et perspectives d’avenir
Le poids croissant des fintechs et de l’innovation technologique
Les fintechs, regtechs et autres acteurs innovants gagnent du terrain dans le secteur du crédit à la consommation. Leurs solutions qui intègrent BigData et IA, permettent de répondre aux attentes des consommateurs pour des services plus rapides, flexibles et personnalisés tout en fiabilisant l’analyse de la solvabilité et la gestion des risques.
L’impact des nouvelles réglementations européennes
L’arrivée de la directive européenne de 2023 impose des règles plus strictes au paiement fractionné et a remodelé ce marché en plein développement. Les entreprises doivent à la fois se conformer à ces nouvelles normes et maintenir des produits attractifs pour les consommateurs.
Zoom sur le paiement fractionné
Avant 2023, le paiement fractionné dont la durée n’excède pas 90 jours, n’était pas considéré comme un crédit à la consommation au sens strict.
Il n’était donc pas soumis aux dispositions du code de la consommation protégeant l’emprunteur, comme l’obligation d’analyser la capacité de remboursement de l’emprunteur.
La directive européenne adoptée en octobre 2023 prévoit que le paiement fractionné réponde aux mêmes règles strictes que le crédit à la consommation d’ici trois ans.
Conclusion : Un marché en pleine mutation
Le marché du crédit à la consommation est à un tournant majeur. Entre évolutions technologiques, nouveaux comportements et pression réglementaire, c’est l’ensemble des acteurs qui doit aussi se poser la question du rôle du crédit conso. Si en France, il a traditionnellement financé des équipements, la tendance d’un usage pour « boucler les fins de mois » se développe (en 2023, 56% des demandes de crédit conso ciblait un besoin de trésorerie). La perspective d’une « américanisation » du budget des ménages avec en cible les emprunts à la consommation qui représentent 25% des revenus disponibles pour les ménages aux US doit-elle être une solution ?
- 1978 : Loi Scrivener de protection du consommateur avec la remise de l’offre de crédit complète et le droit à la réflexion et modification
- 2005 : Loi Chatel sur la transparence pour les consommateurs et de souplesse pour les organismes financiers, renforcement de l’encadrement sur le crédit renouvelable et autorisation de la pub pour le crédit gratuit
- 2010 : Loi Lagarde pour protéger les consommateurs et lutter contre le surendettement notamment en rendant plus claires les informations communiquées par les établissements de crédit à la consommation
- 2014 : Loi Hamon qui facilite la résiliation des contrats et complète la loi Lagarde sur les informations du rachat de crédit et pour le crédit renouvelable
- 2017 : Loi Sapin 2 pour améliorer le traitement du surendettement
Sources :
Carte de France crédit conso – Étude Cofidis
Crédits aux particuliers Jan 2024 | Banque de France (banque-france.fr)
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