L’urgence climatique impacte l’ensemble des secteurs économiques. Les banques doivent trouver comment engager une marche forcée pour faire face aux enjeux environnementaux tout en préservant leur équilibre économique. Dans ce nouveau contexte, elles ont adopté une approche systémique axée sur la gestion des risques climatiques afin d’intégrer dans leurs activités leurs nouvelles priorités stratégiques.

Dans cette série d’articles, nous présenterons une compréhension de ces risques via 4 aspects :

  1. La description des principaux risques climatiques pesant sur les institutions bancaires,
  2. Une vue d’ensemble des réglementations bancaires mises en place pour adresser ces risques,
  3. Une réflexion sur la robustesse des outils dont disposent les banques pour évaluer ces nouveaux risques et le défi que leur modélisation constitue
  4. Une mise en regard des efforts déjà engagés par les banques et la pression qu’exercent les ONG pour les contraindre à aller plus vite.

Les principaux risques climats

L’intégration de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les décisions d’investissement et de financement sont devenus un impératif pour se rapprocher du scénario “Net Zero Emissions” (NZE) d’ici 2050.  Pour répondre à cet impératif, les banques cherchent à mieux les appréhender pour être en mesure de répondre aux exigences règlementaires d’aujourd’hui et d’anticiper les transformations de demain. Elles prennent ainsi en compte dans leur stratégie les risques liés au climat.

Le risque climat se définit comme l’ensemble des impacts potentiels sur la stabilité financière et sur la performance économique résultant du changement climatique. Ce risque peut être classé en 2 catégories principales :

  • Risques physiques : ce sont l’ensemble des dommages causés par des événements climatiques qui peuvent toucher la valeur des actifs et des garanties détenus par les banques. Les risques physiques peuvent être aigus (inondations, incendies, cyclones, etc.) ou chroniques (changements à plus long terme tels que l’augmentation de la température, la modification des précipitations, l’élévation du niveau de la mer, etc.)
  • Risques de transition : Ce sont les risques liés aux changements de comportement des agents économiques et financiers qui tendent vers une économie à faible émission de carbone en anticipation des risques physiques à venir. Ces changements de comportements peuvent se manifester à court terme et en réponse, par exemple, à la mise en œuvre de nouvelles politiques énergétiques, de réglementations, ou à l’évolution des préférences des consommateurs.

Ces 2 catégories de risques climatiques se manifestent dans les risques traditionnels de la banque et constituent de nouveaux entrants à prendre en compte dans leur modélisation.

 

  • Sur le risque physique, la localisation de l’activité d’un client déjà facteur de certains risques (ex. Embargo) prend une nouvelle dimension dans la construction de son profil de risque (capacité à rembourser son crédit en cas catastrophe naturelle par exemple)
  • Sur le risque de transition, certains acteurs peuvent décider de réorienter leurs investissements en prenant en compte les stratégies des établissements quant à la transition écologique.

 

Rappel des risques historiques bancaires

Certains risques sont impactés par les risques physiques et de transition :

  1. Risque stratégique et business : – Incapacité de la banque à réaliser son Business Plan. 
  2. Risque de crédit et de contrepartie : – Impossibilité d’un client ou d’une contrepartie à respecter ses obligations contractuelles.
  3. Risque de marché : – Forte réévaluation des actifs financiers et des matières premières détenus par les banques. 
  4. Risque opérationnel : – La manière dont les banques gèrent la continuité de leurs activités en interne en cas d’événements climatiques extrêmes.

D’autres risques traditionnels sont uniquement impactés par le risque de transition :

  1. Risque de réputation : – Les risques liés à la perte de confiance et à la détérioration de l’image de la banque.
  2. Risque juridique et réglementaire : – Les pertes financières potentielles liées au non-respect des lois, des règlements ou des obligations contractuelles.

 

En conclusion, les risques physiques et de transition sont les 2 principaux risques climat.  Conscientes qu’ils touchent l’ensemble de leurs risques traditionnels, les banques s’efforcent de structurer leur mesure et leur couverture. Pour les appuyer, les régulateurs doivent jouer un rôle de normalisation des classifications et des modes d’évaluation tout en fixant les ambitions pour le secteur.

Article rédigé par :
Sonia BENBERGHOUT & Romain WATERLOT