A la SNCF, les opérations de maintenance ne sont pas celles qui sautent aux yeux du voyageur. Elles font pourtant partie intégrante du cœur de métier de l’entreprise, avec 80 sites d’intervention dont 40 technicentres, qui emploient 22 000 agents. La majorité de ces structures réalisent des opérations de maintenance courante (contrôles, réparations). Dix d’entre eux, dits « industriels », employant 7 000 agents, assurent la maintenance lourde, dont les exemples les plus emblématiques sont les rénovations qui ponctuent les dizaines d’années d’exploitation des rames.

La maintenance étant un maillon indispensable de la chaîne de production de la SNCF, les principaux enjeux auxquels fait face l’entreprise trouvent naturellement leur traduction dans ces métiers :

  • L’exigence de qualité dans la réalisation des opérations, qui sert avant tout l’atteinte d’un très haut niveau de sécurité
  • La forte complexité de l’organisation et de la coordination des très nombreuses opérations différentes à mettre en œuvre sur des matériels par définition mobiles
  • Les impacts directs sur l’exploitation au quotidien, avec un objectif d’assurer la meilleure disponibilité et fiabilité du matériel en exploitation commerciale 
  • Des problématiques économiques (productivité des opérations, réduction des temps d’immobilisation et meilleure disponibilité du matériel qui permettent de réduire le taux de réserve dans le parc), notamment dans la perspective de l’ouverture à la concurrence

Le digital, un nouvel outil fondamental pour optimiser la maintenance

La SNCF a déjà une longue histoire avec le digital, depuis le lancement voyages-sncf.com en 2000. Mais depuis 2015 et le lancement du programme #DigitalSNCF, la transformation digitale est devenue un stratégie transversale touchant également les métiers de la maintenance. SNCF a en effet lancé un programme « Usine du futur », qui vise à moderniser les usines et à mettre la technologie au service de l’efficacité des technicentres industriels pour atteindre les meilleurs standards de performance d’ici à 2020.

Ce programme agit sur toute la chaîne, de l’ingénierie de maintenance jusqu’au pilotage des activités, en passant par la réalisation des opérations (avec des tablettes pour fournir la documentation adaptée aux opérateurs), la surveillance des chaînes de production ou la gestion des flux de pièces et d’outillages. Sur tous ces points, les nouveaux outils digitaux ont vocation à améliorer la qualité, la productivité et la compétitivité des centres de maintenance de SNCF.

Des leviers de performance conventionnels toujours d’actualité

Malgré un contenu technologique fort, la transformation des technicentres passe aussi par la mise en place de nouvelles méthodes et de nouveaux outils de travail plus « conventionnels ». Culture de l’efficacité, nouvelles méthodes de management, transformation managériale : l’usine du futur a également pour objectif de répondre à ces nouveaux enjeux. Cela se traduit par de nombreuses évolutions concrètes, dans une logique d’excellence opérationnelle :

  • Des investissements dans de nouveaux équipements industriels et de nouvelles machines, afin de gagner en performance ;
  • La réorganisation des espaces de travail, afin de les rendre davantage opérationnels et efficaces
  • La mise en place de nouvelles méthodes de management pour accompagner ces évolutions : un degré de polyvalence moindre pour les opérateurs et des équipes plus resserrées afin de privilégier le management de proximité (réduction des équipes passant de 8 à 20 personnes au lieu de 20 à 80 personnes auparavant)
  • La mise en place d’un pilotage plus agile pour mieux prendre en compte les retours terrain. Cela consiste à construire des projets en confrontant très vite les solutions à l’épreuve de l’expérimentation et éventuellement dégager rapidement les premiers gains, mesurer les résultats et apprendre de l’expérimentation
  • Enfin, les méthodes du Lean management sont utilisées pour optimiser les process de production ou réduire les stocks

Finalement, il apparaît donc que la transformation digitale est bien plus qu’un outil pour la SNCF : à mesure que les nouvelles technologies envahissent le cœur de métier de l’entreprise comme la maintenance, elles engagent l’établissement public à adapter sa culture et ses modes de travail et à développer une forme d’agilité. Il s’agit d’une étape indispensable pour le préparer au futur, c’est-à-dire à un environnement toujours plus compétitif et plus évolutif.