Littéralement « recyclage vers le haut » ou comme l’aurait dit Lavoisier « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Il s’agit d’un concept dans lequel on conçoit un produit pour ne pas le jeter.

A la différence du recyclage où les biens de consommation sont traités pour en extraire les matières premières à réutiliser, l’ « Upcycling »  consiste à récupérer des matériaux ou des produits dont on a plus l’usage afin de les revaloriser en produisant directement des objets (du quotidien, des accessoires de mode, des objets de décoration…) dont la qualité est supérieure au matériau d’origine.

 

Le saviez-vous ?

Reiner Pilz serait le premier à avoir utilisé le terme « Upcycling » lors d’un entretien donné en 1994 : Nous parlons de la prochaine directive européenne sur les déchets et du recyclage. J’appelle cela le « Downcycling ». On fracasse des briques, on fracasse tout. Ce dont nous avons besoin c’est l’ « Upcycling » pour ajouter de la valeur à des produits usagers, pas leur en donner moins.

Il a ensuite été repris par Michael Braungart et William McDonough au début des années 2000 puis formalisé autour du principe plus connu d’économie circulaire.

Aujourd’hui, il existe même une certification « Cradle to Cradle » pour la conception de produit respectant un certain cahier des charges ; avec 5 catégories d’impacts (ingrédients chimiques contenus dans le produit, taux de matériaux recyclés dans le produit, impact sur l’énergie et les émissions de carbone, consommation d’eau et responsabilité sociale).

 

Et plus concrètement ?

Sur les 26 millions de tonnes traités par Suez chaque année en Europe, 8 sont d’ores et déjà recyclées et 8 autres sont valorisées en électricité, chaleur ou vapeur. Le reste est généralement incinéré ou part à la décharge. Non pas que les déchets ne soient pas recyclables techniquement : économiquement, la valeur des matériaux qui les constituent est simplement inférieure aux coûts de la collecte et de la transformation. D’où l’intérêt de l’ « Upcycling » qui prône que le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas.

Plusieurs startups se sont déjà lancées sur le créneau au début des années 2010 : la Boîte à Champignons qui ensache du marc de café récupéré chez les restaurateurs et l’ensemence de spores de pleurotes, Tarkett, spécialiste des revêtements de sols qui récupère dans ses usines les chutes de pose et les sols en fin de vie pour fabriquer d’autres dalles…

Suez acteur majeur du recyclage ne s’y est d’ailleurs pas trompé en acquérant récemment 30% de la filiale européenne de TerraCycle et ainsi diversifiant son offre de services. Même l’industrie du luxe s’y met : Hermès, à travers sa collection « Petit h », utilise ainsi les rebuts issus de ses ateliers pour fabriquer des objets décoratifs et des accessoires.

Dernier événement en date, les joueurs du Real Madrid et du Bayern Munich ont porté, lors de match mi-novembre, des maillots spéciaux confectionnés à partir de déchets océaniques recyclés. Il s’agissait d’une initiative de l’organisation de protection des océans Parley qui s’est associée pour l’occasion avec l’équipementier Adidas.

 

Quelques lectures…

  • Michael Braungart et William McDonough,L’Upcycle. Au-delà du développement durable, l’écoconception au service de l’abondance (Gallimard)
  • William McDonough et Michael Braungart,Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things (2003)
  • Retour sur leforum Upcycle qui s’est tenu à Paris en avril 2016
  • Reiner Pilz,Reiner Pilz thinking about a green future (entretien dans le SalvoNEWS du 11 octobre 1994)
  • D’autres concepts autour de l’«Upcycling » : Terracycle, Trash to trend