Dans son étude publiée le 27 janvier dernier, la Banque de France observe une dégradation des délais de paiement en 2020 pour les ETI et les grandes entreprises. Une tendance globale surprenante car malgré la crise du COVID, la situation est restée stable par rapport à 2019 grâce aux efforts des PME¹. Ce sont donc les délais de paiement fournisseurs des grandes entreprises qui sont pointés du doigt. Pour mieux comprendre, nous vous proposons dans cet article un décryptage de la situation.

Une dégradation depuis 2012 camouflée par les efforts des PME

Grâce à la mise en œuvre de la loi de modernisation de l’économie (LME) en 2008, permettant de mieux encadrer les délais de paiement, une nette amélioration a été observée sur tous les types d’entreprise. Cependant depuis une dizaine d’années, le délai de paiement fournisseurs des grandes entreprises n’a fait qu’augmenter, atteignant 70,9 jours en 2020 contre 61,3 en 2012.

Dans un contexte de crise sanitaire, le gouvernement a pourtant été vigilant sur ces délais de paiement notamment via la mise en place d’un comité de crise. Ce comité a permis de surveiller et contrôler les délais de paiement des entreprises, en mettant en avant les mauvaises pratiques et en valorisant les bons acteurs², parmi lesquels figurent aussi des grands groupes.

    Un rebond économique en 2021 qui dégrade les délais de paiement fournisseurs

    Au-delà de cette dégradation des comportements au sein des grandes entreprises, la reprise économique a également eu un effet de bord sur l’augmentation des délais de paiement. La forte demande en 2021 a impacté la chaîne d’approvisionnement et donc les délais de livraisons, augmentant mécaniquement les délais de paiement associés. Ces éléments conjoncturels peuvent difficilement être contrôlés. La maîtrise des comportements est donc essentielle pour avoir un impact sur les délais de paiement. C’est pourquoi la Banque de France a décidé de renforcer ses contrôles en 2022, avec notamment comme objectif d’identifier les mauvais comportements et de les prendre en compte dans la cotation Banque de France.

    Un respect des délais de paiement essentiel à la pérennité de l’économie

    Le respect des délais de paiement est primordial pour les fournisseurs et en particulier pour les TPE et PME afin d’assurer un niveau de trésorerie nécessaire pour survivre en période incertaine comme celle que nous traversons. Ce respect des termes contractuels contribue par ailleurs à une confiance mutuelle entre clients et fournisseurs, base d’une relation de partenariat vertueuse. Selon la Banque de France, les retards de paiement représenteraient un manque à gagner de 12 milliards d’euro de trésorerie pour les PME et atteindrait les 4 milliards pour les ETI. Concernant les grandes entreprises, le respect des délais représenterait une perte de 9 milliards d’euros de trésorerie.

    La DGCCRF, qui souligne régulièrement l’aspect préjudiciable de ces retards, a d’ailleurs pris mi-février de nouvelles sanctions d’ampleur contre Heineken et Altran, avec des amendes de respectivement de 1,8 M€ et 976 K€³.

    Chez SpinPart, nous accompagnons nos clients dans la maîtrise de leur processus de Gestion de la dépense et délais de paiement, de l’engagement au règlement de la facture. Nous avons observé, au cours de nos interventions, que les retards sont généralement liés à des difficultés organisationnelles et de processus plutôt qu’à une mauvaise volonté de la part des entreprises.  

     

    Pour en savoir plus, nous vous proposons de redécouvrir une vidéo explicative sur la réduction des délais de paiement grâce au Procure-to-Pay et de consulter notre article sur la nécessaire mobilisation des acteurs du processus de gestion de la dépense.

    Article rédigé par :
    Solène BIOLCHINI