La gestion de l’eau, composante essentielle du vivant, est un élément clé pour le fonctionnement de la société. Quel que soit le pays, tout un écosystème est mis en œuvre pour répondre aux besoins en eau des habitants. Ce secteur d’activité est aujourd’hui en pleine mutation. Il doit s’adapter aux effets du dérèglement climatique, à une pression sur la ressource de plus en plus forte et à l’émergence de nouveaux acteurs.  

SpinPart, cabinet de conseil en management et organisation vous apporte, via cet article, un éclairage sur les enjeux, les évolutions et les opportunités dans le secteur de l’eau.  


Les différentes étapes de la gestion de l’eau

La France est une référence mondiale dans la gestion de l’eau grâce notamment à ses infrastructures hydrauliquessa maîtrise de la qualité de l’eau et sa position de leader mondial du secteur via deux grands acteurs privés. 

L’utilisation domestique et industrielle de l’eau s’inscrit dans le « Petit cycle de l’eau ». Il décrit la manière dont l’Homme se fournit en eau dans l’environnement, l’utilise et la rend à l’environnement. Le « Grand cycle de l’eau » quant à lui, fait référence au cycle naturel de l’eau, et ne sera pas abordé dans cette série d’articles.

La ressource captée provient à 80% des eaux de surface (lacs, rivières, etc.) et à 20% des nappes phréatiques. Elle subit un traitement pour être rendue conforme aux normes sanitaires pour un usage domestique. L’usage industriel (chimie, papeteries, etc.) implique des traitements physico-chimiques spécifiques.

Une fois traitée, l’eau est transportée et distribuée aux clients finaux par un réseau complexe de canalisations, de vannes et de pompes de différentes tailles.

Toute une économie prospère autour de la collecte et l’épuration des eaux usées, afin que l’eau rejetée en milieu naturel respecte l’écosystème qui la recueille :

  • Construction et l’exploitation des réseaux d’égouts
  • Exploitation des stations d’épuration et maîtrise de leurs rejets
  • Contrôle de la qualité selon les normes environnementales pour le rejet de l’eau en milieu naturel.

Indissociable de l’exploitation des canaux d’acheminement des eaux, l’activité de maintenance de ces réseaux est soumise à des normes sanitaires strictes et impose des visites régulières : curages des bouches d’égout, entretien d’ouvrages spécifiques (bassins de retenue, déversoir, etc.).

Un service public de l’eau en France… de quoi s’agit-il ?

La France a fait le choix de faire de la gestion de l’eau un service public. Cela signifie que l’acteur public dirige les opérations, définit les standards via les normes sanitaires et finance la majorité des investissements. La collectivité locale est légalement responsable de l’alimentation en eau potable et de l’assainissement des eaux usées.

La gestion opérationnelle se fait soit en gestion directe par les collectivités via des régies publiques, soit en gestion déléguée à des entreprises privées via des contrats de cessions, de type affermage ou concession.

En France, des acteurs d’envergure mondiale… mais pas uniquement ! 

Bien que 70% des centrales de production d’eau potable et des stations d’épuration soient sous régie publique [1]la majorité des français sont alimentés en eau par le secteur privéEn effet, les entreprises privées se positionnent d’abord sur de la délégation de service public dans les villes : la densité de population y étant importante, les réseaux sont plus facilement rentabilisés. 

Veolia et Suez sont à la fois les leaders français, européens et mondiaux du marché de l’eau. Ils ont profité de l’expérience acquise en France pour se développer à l’international avec 30% de leur chiffre d’affaires en Europe hors France et 30% du chiffre d’affaires réalisé à l’extérieur de l’Europe [2].

En France, ce duo est concurrencé par un troisième acteur majeur, Saur, dont la croissance est régulière depuis 2016 (+20% de CA entre 2016 et 2019) [3], mais avec une présence à l’international faible à ce jour.

Le secteur ne compte pas que ces trois “mastodontes” pour la gestion de l’eau. Un ensemble de régies publiques avec des capitaux mixtes sont présentes sur tout le territoire : SCP en région PACA, BRL Exploitation en Occitanie, Eau de Paris dans la capitale, etc.

Enfin, 90% des entreprises du secteur sont des TPE de moins de 10 salariés, prestataires des acteurs précédents ou spécialisés dans l’entretien d’infrastructure non-collectives.

Et comparé au reste du monde ?

Le modèle français d’un marché de l’eau considéré comme un service public semble efficace étant donné qu’il nous permet d’avoir à la fois une eau à prix abordable (~4€/m3[4]), une qualité parmi les meilleures du monde et deux acteurs incontournables à l’échelle mondiale. Pour autant, ce modèle n’est pas le seul existant dans le monde.

Dans son prochain article, SpinPart présentera un panorama du marché de l’eau à l’international, incluant un éclairage sur la fusion Veolia-Suez dont la résonance ne se limite pas aux frontières françaises.