Le régulateur bancaire européen (EBA) a annoncé fin janvier 2022, le décalage de la mise en place de reporting ESG obligatoires de 2023 à 2024.

La nécessité de ce report était portée par l’Association for Financial Markets in Europe (AFME), qui défend les intérêts des banques en Europe. Celles-ci plaident pour une approche graduelle « pour assurer une bonne qualité des données consolidées ». L’AFME a également obtenu de l’EBA d’exclure de ce reporting les portefeuilles d’actifs, concentrant de facto le reporting sur les domaines de financement et pas ceux d’investissement.

 

Cette nouvelle exigence réglementaire, qui répond au rapport sur les pratiques ESG publié en 2020, vient renforcer des tendances de fond au sein du secteur financier :

  • La densification des reporting règlementaires (comme évoqué dans un précédent article) [1]
  • La prise de conscience par le régulateur des risques associés aux enjeux ESG, comme le montre la campagne de stress tests climatiques lancée en début d’année
  • La nécessité pour les institutions financières de devenir un moteur de transformation pour aider les autres acteurs de l’économie à s’aligner sur l’ambition européenne de « Net Zero 2050 »

Peut-on voir dans ce report une temporisation volontaire de la part des acteurs bancaires ou la forte complexité liée à l’interprétation et à la mise en œuvre ?

Les standards ESG sont multiples : on en décompte plus de 20 en ne prenant en compte que les principaux [2]. En outre, ils sont associés à des reporting qui leurs sont propres. Les banques doivent aujourd’hui composer leur propre reporting en choisissant les indicateurs proposés par un ou plusieurs standards. Avec en conséquence, des reporting très hétérogènes, rendant presque impossible la comparaison sur la maturité des acteurs et leur exposition aux risques ESG.

En 2020, dans son analyse sur les pratiques du marché sur la finance responsable, l’EBA observait la présence croissante d’informations ESG ou liées au climat dans les rapports annuels des banques. Elle regrettait en revanche que ces informations ne soient actuellement mentionnées qu’au travers des rapports extra-financiers, sans mentionner les risques financiers sous-tendus. En conséquence elle préconisait d’aller de l’avant sur la mise en place d’indicateurs et d’objectifs plus élaborés [3].

En conclusion, cet épisode démontre surtout que si les régulateurs et les acteurs bancaires sont sensibilisés sur ce sujet, ils sont encore aujourd’hui trop peu matures pour répondre de façon complètement cohérente et pratique aux contraintes de la décarbonation de l’économie. En effet jusqu’à présent la multiplication des réglementations oblige les banques à prioriser et interpréter. Dans ce contexte, le rôle des dirigeants est particulièrement souligné par l’agence Standard & Poors. En effet, elle place au cœur des tendances ESG 2022 l’exigence d’une réelle maitrise des sujets ESG de la part des dirigeants d’entreprise et de gouvernement [4].

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Article rédigé par :
Marc CASELLAS